Bonjour Elena,

  

Tu travailles sur un site naturel protégé, tout près de celui où broute Frisette.

 

 

La petite Brebis bavarde de Tournesol. Elle a souvent rencontré le garde qui s’occupe de la gestion du milieu où elle vit avec son troupeau. Ce gestionnaire collabore avec une animatrice nature, comme toi.. .


Tu fais aussi partie d’une équipe, est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton rôle et sur le site sur lequel vous veillez ?

 

En tant qu’éducatrice à la nature, mon rôle est de sensibiliser les enfants et les adultes à la protection de leur environnement, et de donner des pistes pour qu’ils puissent agir en faveur de sa préservation. 

Cela passe par la découverte des milieux naturels proche de chez soi, en favorisant la rencontre avec les espèces faunistiques (les animaux) et floristiques (les plantes) qui vivent dans ces milieux divers.

 

Ainsi, on permet aux personnes de créer des liens affectifs avec le vivant. En effet, on va protéger, on va respecter ce que l’on aime et ce que l’on a envie de connaître. Si on comprend que ce que l’on affectionne est en train de disparaître sous nos yeux, ça nous touche de l’intérieur, au plus profond de nous, et on aura envie de tout mettre en œuvre pour éviter ou en tout cas, limiter, sa disparition.

 

Qu’est-ce qui te tient le plus à cœur ?

 

La découverte, la rencontre et la transmission.

Dans mon métier, il y a toujours à découvrir, à apprendre de la nature, on ne s’ennuie jamais ! La nature nous en apprend aussi sur nous même, notre place dans cet environnement. J’aime pouvoir créer du lien entre les êtres vivants : l’Homme avec la nature, mais aussi les hommes entre eux.

Dans mes animations, il y a une part de savoir, de savoir-être et de savoir faire  qui est transmis. 

Un exemple : comment s’appelle cet animal ? (savoir), comment je me comporte face à lui ? (savoir-être), comment je peux l’approcher, aller à son contact sans le brusquer (savoir-faire). 

 

Le message final reste le même : respecter le vivant, c’est aussi se respecter soi-même et respecter son prochain. 

Aujourd’hui, on passe beaucoup de temps dans notre chambre ou sur le canapé, loin de la nature. Nous sommes dans une société qui est hyper connectée aux applications, aux univers virtuels. Notre rôle primordial c’est donc de permettre aux personnes de se reconnecter à la nature, de leur donner des clés pour recréer ce lien qui les unit au monde du vivant.

 

 

Est-ce que tu peux nous raconter comment se déroule une animation ?

 

Je vais vous donner un exemple d’animation en forêt avec des enfants.

Nous arrivons dans un milieu qui leur est pour l’instant inconnu. Pour favoriser la rencontre et la découverte, on dit “bonjour à la forêt et à ses habitants et on demande si on peut y entrer en disant le mot magique : s’il vous plaît !” 

 

Ensuite le calme s’installe et on va pouvoir prendre le temps d’écouter tous les sons de la nature qui nous entourent. Des oiseaux commencent à faire entendre leurs chants, le vent souffle dans les arbres et fait bouger les feuilles, il caresse aussi le visage des enfants (et des adultes qui les accompagnent), le soleil réchauffe doucement l’atmosphère. C’est important de prendre ce temps là pour s’imprégner de l’ambiance du milieu dans lequel on se trouve. Les participants commencent ainsi à tisser un lien sensoriel avec ce milieu.

 

Puis, je propose plusieurs activités pour aller à la rencontre des arbres, découvrir la diversité des feuilles, des écorces, puis d’aller à la rencontre des animaux de la forêt : qui vit là ? comment peut-on les voir ? comment vivent-ils ? Ainsi, au fur et à mesure des activités, les participants comprennent que tous ces êtres vivants arrivent à vivre ensemble. 

 

Nous nous sommes là pour un instant dans leur environnement, ce milieu est fragile, on se doit de le respecter, nous en sommes les invités et nous pourrons y revenir plus tard, seul, pour profiter également de ce bel endroit, ou nous pouvons aussi trouver un lieu proche des chez nous pour le découvrir et s’y sentir bien.

 

Tu rencontres beaucoup de visiteurs, peux-tu nous dire ce qui les étonne le plus ?

 

Je travaille dans une réserve qui est particulière de par son histoire et de par la diversité des milieux qui la composent. 

Cette réserve est née de la volonté d’une personne qui a choisi de faire don de son lieu de vie, de sa propriété à l’association pour laquelle je travaille. 

 

Elle a légué cet endroit pour que chaque personne puisse découvrir et profiter de ce domaine et de ses milieux naturels variés comme le verger, le potager, la mare, le bois, la prairie, la friche, le ronciers, la haie...

 

Quand les visiteurs viennent, ils s’attendent à pouvoir observer une nature exceptionnelle, des milieux ou des espèces en voies de disparition. Ce qui les interpelle, c’est de découvrir des milieux naturels qui semblent au premier abord ordinaires, banaux, mais qui en fait est une nature extraordinaire car préservée de la destruction, des constructions, des pollutions agricoles ou des activités humaines.

 

Cette personne a fait don de sa propriété avec pour souhaits que l’on y préserve les milieux naturels, que l’on poursuivre l’agriculture biologique sur ses parcelles, et que l’on propose des activités en lien avec la protection de la nature.

C’est un beau cadeau fait aux êtres humains !

 

Il y a sûrement beaucoup de travail au jardin pédagogique et sur les autres activités, les bénévoles doivent donner un bon coup de main ?

 

Oui c’est ça qui est bien dans le milieu associatif, c’est l’entraide, la solidarité avec l’autre. Ce qui compte c’est le partage d’expérience, de connaissance, l’envie de donner à l’autre sans rien attendre en retour, et s’unir dans les différentes actions, créer des liens sociaux, oeuvrer ensemble autour des mêmes sujets.

 

Ce doit être un métier passionnant, comment t’est venue l’envie de l’exercer ?

 

J’ai toujours baigné dans la nature, entre la ville et la campagne. Dans notre jardin, on avait un potager. Ce n’était pas rare d’apercevoir un petit oiseau comme le rouge gorge familier se poser non loin de nous, à la recherche d’un petit vers de terre à se mettre sous le bec !

 

Après mes études générales, je suis partie en formation horticole, mais le côté production et nature maîtrisée ne me convenait pas trop. En parallèle j’étais animatrice en centre de loisirs. Un jour, j’ai recherché par mot clé Animation et Nature et c’est comme ça que j’ai découvert qu’il existait une formation qui pouvait allier les deux : l’animation nature est un métier !

 

Et quelle formation as-tu suivie au final ?

 

J’ai repris mes études en alternance, en BTS Gestion et Protection de la Nature. Je souhaitais pouvoir entrer tout de suite dans le monde du travail, tester sur le terrain les apprentissages vu en cours, être au contact du public et pouvoir évoluer dans le métier. 

 

As-tu un conseil pour les enfants qui aimeraient en savoir plus sur la nature ?

 

Sortez dans la nature seul(e), entre amis ou avec vos parents. Partez sur les chemins proches de chez vous pour découvrir cette nature qui vous entoure ! Des fois, il n’y a pas besoin d’aller très loin, votre jardin est déjà un espace de nature à découvrir si on y prête l’œil et l’oreille ! Il existe aussi des jardins partagés où vous pouvez cultiver avec d’autres personnes un potager sympa.

 

Si le cœur vous en dit, participez à des sorties nature organisées autour de chez vous. Et si vous voulez poursuivre l’aventure, rendez-vous dans un club nature pour rencontrer d’autres curieux comme vous.

 

Bientôt la période de Noël ? Demandez de chouettes livres ou des abonnements sur le thème de la nature, il en existe plein ! (par exemple : La Hulotte, la Salamandre Junior, l’Hermine vagabonde…)


PORTRAIT CHINOIS

 

Un moment de la journée ?

Le repas. Pour moi c’est le moment convivial où tout le monde se retrouve autour de la table pour partager un bon plat et partager aussi ce qu’il a vécu dans sa journée. Le repas nourrit physiquement mais intellectuellement aussi.

 

Une musique ?

Cela dépend du moment. Je serais de la musique classique qui apaise, qui nous transporte dans un imaginaire et qui nous permet de nous concentrer aussi quand il y a besoin.

 

Un sport ?

La danse. J’aime beaucoup danser, danser seule ou avec d’autres personnes. Cela permet de s’échapper, d’ouvrir son corps, de le rendre plus libre de tout les mouvements que l’on peut faire au quotidien. C’est une forme d’expression autre que la parole. J’ai découvert la danse africaine il n’y a pas si longtemps et ça m’a beaucoup plu !

 

Un héros ? (fictif ou réel)

Une devinette, je ne citerai que la petite phrase que sa maman a légué au héros du film : « La vie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ! » À vous de trouver mon héros ! C’est une philosophie de vie !

 

Un défi ou un rêve ?

Voguer sur l’eau. Aller où bon nous semble, se laisser porter par les vents, découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, partager ses expériences, observer d’autres milieux naturels, d’autres espèces…

 

Une qualité ?

 Le partage